La Chapelle au sommet de la Montagne Saint-Maurice intrigue. Grâce à cet article, vous connaîtrez la légende de l’ermite Maurice.
Nous nous sommes inspirés du livre de l’abbé Robin « Manuscrit de l’abbé Robin » Plein-Cintre Éditions, 1990, principale source historique sur le sujet.
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Le 25 juin 842, trois frères, Maurice, Guigues et Odon, fils du vieux seigneur de Dieulefit, parcouraient la montagne située au nord-ouest de leur château, pour faire la chasse aux cerfs et aux sangliers.
Un an jour pour jour en amont de cette date, les trois frères livraient la terrible bataille à Fontenoy-en-Puisaye (Yonne, en Bourgogne) contre le prince Louis le Débonnaire et Charles le Chauve, pour soutenir Lothaire 1er. Maurice s’adressa à ses frères : « N’est-ce pas après ce combat que nous fîmes tous trois le serment de nous retirer du monde pour vivre dans la solitude et expier, par la pénitence, nos péchés, ceux surtout que nous avons commis en portant les armes ? Ce lieu où nous sommes me paraît retiré et propre à élever l’âme vers dieu, je le choisis pour y bâtir un oratoire en l’honneur de mon saint patron, Maurice, ce généreux chef de la légion Thébaine, et là je passerai le reste de mes jours dans le jeûne et la prière ».
Guigues choisi le sommet de la montagne qui domine le château de Pont-de-Barret pour y élever un oratoire en l’honneur de Sainte Euphémie, à son tour Odon choisit de s’installer au sommet de la montagne qui protège la forêt de Saoû, son oratoire fut dédié à sainte Colombe.
Suite à cette décision commune, les trois frères ne tardèrent pas à prendre contact avec le saint évêque de Die afin de les autoriser à mener cette vie érémitique.
Deux mois après le 25 juin 842, trois oratoires s’élevaient sur le sommet des montagnes qui ont pris depuis lors les noms de saint Maurice, sainte Euphémie et Roche Colombe. Trois hommes y voyaient poindre l’aurore de leur carrière érémitique, qui ne devait cesser qu’avec leur terrestres jours.
Chaque soir, après le coucher du soleil, ils allumaient une lampe, un fanal, pour se saluer et se féliciter d’avoir fait un pas de plus vers l’éternité. Chaque dimanche, un bénédictin du monastère de Notre-Dame-de-la-Calle (à Dieulefit) allait célébrer à Saint-Maurice le saint sacrifice et donner à l’ermite la communion, le pain des anges. Combien de fois, pendant les longues années que vécut l’humble ermite, l’on vit les habitants de Dieulefit gravir le sentier escarpé de la montagne de Saint-Maurice, pour aller consulter, dans leurs peines, celui qui était placé entre terre et cieux.
Un dimanche, le bénédictin qui, selon la coutume, gravissait la montagne pour dire la sainte messe dans l’oratoire de Saint-Maurice, trouva le noble ermite à genoux, les yeux fixés vers le ciel, dans l’attitude de l’extase. Dans l’heure suivante, Maurice révéla au saint homme qu’il était sur le point de se dépouiller de sa mortelle enveloppe. Après avoir reçu tous les secours spirituels que l’Eglise prodigue à ses enfants sur le point d’entrer dans l’immortel séjour. L’ermite demandant d’ensevelir sa dépouille mortelle dans cet oratoire. Joignant les mains pour la dernière fois sur son cœur palpitant d’amour, l’Amour céleste reçut son âme pure et le ciel compta un saint de plus dans les éternelles demeures.
Le lendemain, les moines du monastère de Notre-Dame-de-la-Calle, suivis des parents du noble défunt et d’un grand nombre d’habitants de Dieulefit, gravissaient la montagne de Saint Maurice. Ils creusèrent eux-mêmes la fosse dans la chapelle (l’oratoire) et y déposèrent la dépouille mortelle du noble Maurice pour exécuter sa dernière volonté.
L’an 1160, des bergers gardent leurs troupeaux sur le sommet de la montagne de Saint-Maurice, près d’un monceau de pierres qui paraissaient les vestiges d’une antique habitation, relevaient ces restes de bâtisse pour en former un mur destiné à les abriter contre les vents du nord. En creusant le sol ils découvrirent une longue pierre de taille, ils la soulevèrent et furent étonné d’y découvrir un cadavre humain dont les ossements, étaient parfaitement conservés. Effrayé par cette vision ils choisirent de prendre le chemin du retour. Cependant l’un d’eux souleva avec son pied la tête et la fit rouler sur la pente rapide de la montagne.
Le lendemain, ces bergers retournèrent en ce même lieu mais furent stupéfait de découvrir la tête du squelette au même endroit d’où l’un d’eux l’avait fait rouler dans le ravin profond. « N’est-ce pas le crâne qui a roulé là-bas, du côté de Truinas ? ». Sans beaucoup s’arrêter à cette pensé, ils prirent le crâne et lui firent reprendre le même chemin que la veille.
Ils revinrent encore le surlendemain et aperçurent encore le même crâne au même endroit. Ils voulurent fuir, mais la frayeur les saisit tellement qu’ils tombèrent à terre pour ne se relever que longtemps après et courir à Dieulefit, raconter la merveille dont ils venaient d’être témoins.
Le récit qu’ils firent à leur retour, excita une surprise impossible à décrire, à ce peuple religieux et surtout un ardent désir d’aller vénérer les saintes reliques.
Dans ce temps, Guy de Vesc était venu passer quelques jours dans son château de Dieulefit. A l’annonce de cette nouvelle, il prit la décision de partir sur ces lieux, accompagné des principaux habitants et de leur curé, afin de rapatrier les ossements sacrés. De retour à Dieulefit, Guy de Vesc fit placer les reliques dans sa chapelle en attendant de leur faire préparer une châsse convenable.
Le lendemain, Guy de Vesc ouvrit lui-même les portes de la chapelle dont il avait emporté la clef, fit sa prière. Il s’approcha ensuite des saintes reliques pour les vénérer mais constatât avec stupeur que le coffre était vide.
Se souvenant alors du récit des deux bergers, il fit envoyer son écuyer sur la montagne de Saint-Maurice, voir si les restes vénérés sont retournés dans ce même lieu, où hier, ils furent prélevés.
A son retour, il déclara qu’il avait trouvé les ossements à la même place, rangés dans un ordre parfait.
Guy de Vesc, prit la résolution de faire relever l’oratoire de Saint Maurice et d’y laisser les reliques du saint ermite. Le nom de Maurice que portait l’ermite, et l’oratoire érigé en l’honneur de son saint patron, ont fait croire plus tard au peuple que le corps du noble chef de la légion Thébaine était enterré dans cette chapelle.
Les pieux pèlerins recommencèrent à gravir la montagne pour implorer la protection du saint ermite. Les Guerres religieuses du 16ème siècle détruisirent de nouveau cet oratoire, comme elles en détruisirent d’autres ; mais elles ne purent détruire le souvenir de Saint Maurice.
En 1660, un curé de Dieulefit, Balthazar Thomé, voulu relever cette chapelle et fit à cette fin une quête chez ses paroissiens catholiques. La tradition rapporte que, lorsque les maçons voulurent poser les fondements d’une nouvelle chapelle, non sur les ruines de l’ancienne, mais sur le versant qui regarde Dieulefit, ils trouvaient le lendemain leurs travaux de la veille détruits et les matériaux transportés sur l’emplacement de l’ancienne chapelle. Plusieurs fois ils recommencèrent leur ouvrage, mais toujours inutilement : Les nouveaux matériaux qu’ils employaient, disparaissaient toujours pour aller retrouver les premiers. Ils reconnurent la main de Dieu dans ce prodige et rebâtirent la chapelle à la place de l’ancienne. Mais comme à cette époque, le seigneur de Dieulefit, Mary (Marius) de Vesc, était protestant, et que les catholiques étaient peu nombreux et pauvres, l’oratoire fut reconstruit dans de modestes proportions.